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23 avril 2022

Sigfox à l’épreuve

Une analyse des mutations de la chaîne de valeur de l’IoT B2B

Et c’est tout naturellement que notre première édition de 2022 se concentre sur le redressement judiciaire de Sigfox. Le pionnier des réseaux LPWAN et opérateur mondial de réseau 0G, auparavant acclamé comme vaisseau amiral de la French Tech, était depuis plusieurs mois en quête d’un acheteur acceptant de reprendre la compagnie alors qu’elle fait face à une dette consolidée estimée à 155 millions d’euros. Alors que son choix vient tout juste de se porter sur Unabiz, l’opérateur singapourien et partenaire historique de Sigfox en Asie, revenons en arrière dans le temps pour tenter de comprendre comment un opérateur dont le réseau dessert 1,4 milliards de personnes à travers 75 pays et dont le marché connaît un véritable boom a pu se retrouver à faire face à de telles difficultés.

A première vue, la conjecture apparaît en effet favorable à Sigfox. Même en prenant en compte la pénurie mondiale de puces cellulaires et de travailleurs qualifiés, le marché IoT B2B a crû de 22% en 2021, quelques points à peine en dessous des prévisions, stimulé par la maturation de plusieurs technologies de connectivité dont le LPWAN.

Mais un coup d’œil approfondi révèle que Sigfox paie durement d’avoir tardé à pivoter vers les segments les plus rentables de la chaîne de valeur IoT. La croissance tend à quitter depuis plusieurs années l’amont de la chaîne (les fabricants de harware et les opérateurs de connectivité) et se déporte vers l’aval (les plateformes et les services verticalisés). Les opérateurs historiques investissent désormais pour capturer la valeur générée dans les segments en aval, comme Vodafone l’a récemment illustré avec le lancement de son Digital Asset Broker, une plateforme blockchain permettant à des objets connectés (ici des voitures électriques et des bornes de recharge) de conduire en toute autonomie des transactions financières, ambitionnant d’ouvrir la voie à de nouveaux modèles d’affaires basés sur « l’Economie des Objets ». Même l’IoT Valley, hub technologie toulousain majeur et grand fief de Sigfox, envisage de se renommer « Data Valley » pour mieux refléter ses ambitions nouvelles d’adresser avant tout des projets de traitement et d’analyse des données.

Sigfox s’est trop longtemps reposé sur un schéma d’affaire centré autour du développement et du déploiement d’infrastructure physique et cloud. Cela suffisait tout à fait à assurer sa bonne santé tant que leur réseau continuait à s’étendre rapidement, mais le monde ne comporte qu’un nombre fini de régions où déployer un réseau rentable, sans même parler du frein massif au déploiement imposé par la pandémie. Bien que Sigfox ait entrepris en 2021 ses premiers pas vers les services d’analyse de la donnée en migrant vers Google Cloud, ils sont survenus trop tard pour éviter à sa croissance de caler.

Surgissent alors deux autres obstacles enlisant la compagnie : en premier lieu, la maturation de technologies de connectivité concurrentes ayant rogné les parts de marché de Sigfox. Les opérateurs historiques se servent désormais du NB-IoT, tous ceux souhaitant s’affranchir de ces mêmes opérateurs utilisent LoRa, et cela sans parler de la 5G. Attaqué de toutes parts, Sigfox n’opère désormais plus que 3% du réseau LPWAN mondial.

Deuxièmement, Sigfox est une startup industrielle dont la valeur ajoutée repose sur la fabrication de composants physiques : elle demande structurellement des investissements R&D lourds et propose un retour sur investissement plus différé dans le temps qu’une startup PaaS ou SaaS, qui attirera plus facilement les capitaux de fonds d’investissements. Une autre championne de la French Tech a payé ce phénomène au prix fort : Agricool, membre du Next40 spécialiste de l’agriculture urbaine, a été également placée en redressement judiciaire en mars, ses coûts de R&D élevés l’ayant criblée de dettes.

Bien que Sigfox ait réussi à vendre ses activités en Allemagne pour récupérer des liquidités, son échec à faire de même en France et aux Etats-Unis l’a empêché de réunir suffisamment de fonds pour couvrir les coûts immédiats et long-termes de sa nouvelle stratégie.

Neuf acheteurs rivaux se sont déclarés intéressés par la reprise de la compagnie, confiants dans la qualité de son réseau établi et dans le potentiel des technologiques LPWAN. De longs mois d’échanges avec la compagnie et le Tribunal de Commerce de Toulouse ont écarté huit d’entre eux, proposant une mise insuffisante pour couvrir les dettes de la compagnie, leur intérêt étant principalement de racheter les filiales française et américaine réputées être en bonne santé financière, révélant finalement Unabiz comme acquéreur final du groupe pour 3.3 millions d’euros. Ironie du sort pour plusieurs d’entre eux, la branche US a été également placée en redressement judiciaire… le 1er avril.

Sécurité

La sécurité avant tout

Cinq failles critiques de Microsoft Azure Defender for IoT ont été détectées fin mars, permettant à d’exploiter le mécanisme de réinitialisation de mot de passe pour pénétrer un objet connecté et compromettre intégralement le réseau auquel il est rattaché. Bien que des patchs aient déjà été mis en ligne pour colmater ces brèches, elles rappellent combien l’essor de l’IoT a drastiquement étendu les surfaces d’attaques de nos systèmes informations et exigent des solutions et des réflexes appropriés.

Les novices peuvent consulter un guide rapide publié par ZDNet.fr pour se familiariser avec quelques bonnes pratiques fondamentales pour la sécurité des objets connectés. Aux initiés en quête de la meilleure façon d’étendre leur stratégie Zero Trust à leur environnement IoT, nous proposons la découverte des services Secure Access Service Edge.

Green IoT

L’IoT se met au vert

Pour son édition 2022, l’IoT Business Hub consacrera ses activités à la façon dont l’IoT est amené à se démarquer comme un sujet central pour permettre aux entreprises de respecter leurs engagements écologiques, non seulement en ouvrant la voie au développement de nouveaux services durables rendus possibles grâce à ces technologies, mais également en travaillant à rendre ces technologies elles-mêmes plus vertes.

L’initiative oneM2M propose cinq principes fondamentaux présidant à la conception d’une solution IoT durable que nous ne pouvons que vous recommander de consulter : interopérabilité, standards ouverts, modularité, réutilisabilité, et une scalabilité permise par les quatre piliers précédents.

Ces principes vous inspirent-ils l’idée d’une solution IoT innovante pour sauver la planète ? Concevez-vous ou opérez-vous déjà une telle solution ? Alors candidatez sans hésiter à l’IoT Business Hub 2022, jusqu’au 21 juin prochain (31 mai pour les primo-postulants) !